S’il y avait bien une chose qu’un gouvernement surnaturel n’était pas encore capable de contrôler proprement, c’était les expositions temporaires. Le Museum National d’Histoire Naturelle de Moscou prévoyait celle-là depuis des années et la mainmise des créatures autres qu’humaines sur le pays n’avait apparemment rien changé au programme. Fenrir était bien sûr au courant depuis bien longtemps de cette exposition, elle avait été consultée à de nombreuses reprises et avait fourni autant de matériel universitaire et d’aide que possible. En tant que Riva Loptrson, spécialiste du comportement en meute des loups, bien évidemment. Elle ignorait si le muséum aurait osé la consulter en tant que Loup Gigantesque destiné à tuer et dévorer Odin, père des dieux. Bien que cela aurait certainement été amusant. Elle souriait en arpentant la galerie, tôt dans la matinée, à une heure où les visiteurs étaient rares.
Sans avoir joué un rôle autre que celui de consultante, Fenrir était assez contente du résultat final. La galerie improvisée était moderne, bien agencée et très informative. Entre mini-documentaire, extrait d’expédition dans le grand nord, sculptures et véritable loup empaillé, il y avait de quoi informer correctement les visiteurs. Sans que ce soit assommant, ce qui était sans doute le plus grand exploit. En tant que consultante, Riva avait eu le droit à un pass et pouvait donc s’y promener à loisir. Plus tard dans la journée, elle devait participer à un petit dîner avec d’autres collaborateurs – tous ne savaient pas qui elle était réellement mais ça restait amusant. Elle était donc vêtue plutôt chic. Ce qui, pour elle, signifiait une robe noire s’arrêtant sous les genoux, ainsi qu’une petite cape grise passée sur ses épaules.
Elle faisait un peu tâche au milieu des rares visiteurs, en tenue plus décontractée, mais elle s’en fichait. Fenrir n’avait jamais été du genre à se fondre dans la masse de toute façon. Sa simple présence semblait suffire à éloigner les gens et elle se baladait donc seule. Jusqu’à cette section de l’expo, dont on ne lui avait pas parlé. Elle retint un rire de gorge. Devant la jeune femme s’étalait tout un pan de mur sur l’influence des loups sur les créatures mythiques. Les grands loups de la mythologie étaient représentés là, et elle devinait que, plus loin, un autre pan de mur serait consacré aux lycanthropes. Pour l’heure, son regard gris effleura les dessins de loup mythiques, de divinités africaines aux pattes élancées et aux poils courts qu’elle ne connaissait pas. Jusqu’à elle.
Fenrir était là aussi, bien évidemment. Et en bonne place. Plusieurs représentations du loup monstrueux, au poil hirsute, la fourrure noire, et les yeux rougeoyants. Un sourire se dessina sur ses lèvres fines, alors qu’elle s’arrêtait devant la plus imposante représentation, une vieille tapisserie. Tyr était là, offrant sa main aux crocs du loup en sacrifice, pour parvenir à enfin le capturer. La jeune femme haussa un sourcil. Sur cette image, le loup dépassait à peine la tête du dieu. Dans son souvenir, elle était beaucoup plus grande que cela – enfin, il était plus grand, peu importe.
Quand son regard tomba enfin sur la dernière partie de la tapisserie, où le loup se délectait de la main de Tyr – et où il semblait avoir encore rétréci – elle laissa échapper un soupir déçu. « Ils auraient pu le faire plus grand tout de même. » marmonna-t-elle à voix basse.
Fenrir se pensait toujours seule, il n’y avait pas de raison. Trop concentrée sur sa contemplation de la tapisserie, elle n’avait pas senti arrivé une silhouette inconnue.
Amelia Markovitch
ADMIN ☾ Deti Revolyutsii
☾ MESSAGES : 58 ☾ FT. : Ksenia Solo ☾ CRÉDITS : Avatar : Alice. ☾ STATUT MARITALE : Célibataire ☾ AVEC : avec elle-même et ses pensées ☾ DATE D'ARRIVÉE : 25/03/2018 ☾ LOCALISATION : Moscou ☾ MÉTIER : Serveuse dans un restaurant ☾ CLAN : Deti Revolyutsii
Through the tenth dimension, to the certainties beyond. Dreamily inattention and the sub-atomic bomb. Machine that spins within me and the spirit that drives me on searching for an answer.
Amelia ne travaille pas avant le soir alors comme à chaque fois que ça se produit, la jeune humaine cherche quelque chose à faire pour s'occuper ou quelque chose à découvrir. Travaillant en horaire décalé d'avec son ami ours-garou, elle ne peut même pas l'embêter pour qu'ils fassent quelque chose ensemble. Si seulement cet idiot pouvait un jour voir qu'elle tient à lui bien plus qu'à un simple ami, hum, peut-être que c'est à elle de se lancer ? Mouais. Bon, ceci ne lui dira pas ce qu'elle peut faire. Assise à pianoter sur son ordinateur, elle tombe sur une annonce d'un des musées de la ville. Oh oui, elle avait déjà vu l'exposition qui était prévue et visiblement son ouverture au public est aujourd'hui même. De quoi la faire bondir et se préparer à sortir, de nouvelles choses à découvrir, forcément, l'humaine ne peut pas résister bien longtemps.
Surtout que si elle est debout aussi tôt c'est à cause d'un cauchemar qu'elle a pu faire et l'a laissée incapable de se rendormir. Double raison de ne pas vouloir rester chez elle à ne rien faire. Une fois habillée, maquillée et prête à sortir, elle attrape son sac qu'elle met en bandoulière sur son épaule y glissant son pc portable puis elle prend son téléphone qu'elle glisse dans la poche de son jean. Et hop la voilà dehors et direction l'exposition. Une fois sur place et son pass en main, elle peut commencer ses découvertes. Amelia a une fascination pour les ours-garou et donc les ours mais elle doit bien avouer que les loups aussi c'est sacrément intéressant et fascinant.
Petit à petit ses pas la mène vers une section réservée aux loups de la mythologie, aux divinités loups et tout ce qui peut aller avec. La petite brune trouvant dommage que les divinités soient reléguées au rang de mythologie alors que tout le monde sait qu'elles sont bien réelles ! Elle ne sait pas si c'est le fait de venir de la campagne mais elle a été élevée dans la croyance et les prières, ses parents tenant une ferme, ils priaient souvent les dieux pour les récoltes ou les animaux.
Continuant sa visite jusqu'à une partie sur la Scandinavie et sur Fenrir, le loup géant du Raganrök. Lisant attentivement les explications sur le dit loup tout en regardant ses représentations sur les murs, finissant à côté d'une jeune femme. Et là en voyant, une tapisserie, Amelia hausse un sourcil et c'est plus fort qu'elle mais il faut qu'elle parle, un peu comme si elle prenait la femme près d'elle en témoin de sa surprise.
- Mais...sur les explications, ils disent que Fenrir est un loup géant mesurant quasiment cinq mètres. Cinq mètres ! Et là il semble minuscule, ce n'est pas logique...
Totalement illogique pour Amelia, d'accord, elle connait rien à la mythologie scandinave mais quand même quoi.
Fenrir n’était pas du genre à sursauter, même quand elle était réellement surprise. Des vieux réflexes animaux lui commandaient d’être sur ses gardes et donc prêtes à mordre. Avec le temps, elle avait bien été obligée de dompter ses réflexes. Car si quelques secondes d’agression et de quasi-morsures passaient très bien dans une meute de loup, les humains étaient beaucoup moins réceptifs à ces méthodes. En général, si on se montrait un tant soit peu méchant, soit l’humain répondait d’autant plus violemment, soit il notait ça quelque part pour une vengeance plus tardive. Comme pour beaucoup de choses, les humains aimaient se compliquer la vie pour rien. Mais c’est ce qui les rendait si attachants.
La louve ne bougea donc pas d’un cil en entendant cette voix féminine surgir brusquement à côté d’elle. D’autant que, une fois qu’elle tenta de comprendre ce que la voix disait, ce n’était rien de grave. Au contraire même, c’était plutôt agréable. De fait, la grande brune se fendit d’un petit rire amusé, tant qu’elle se tournait vers la jeune femme qu’elle n’avait pas entendu arriver. Du regard, elle l’inspecta rapidement. C’était une jeune humaine, typée assez étudiante avec son sac sur l’épaule et son jean. Les deux femmes détonnaient l’une avec l’autre, au vu des styles vestimentaires. Mais ce n’était pas le genre de chose dont Fenrir se formalisait.
« Cinq mètres vous dites ? » demanda-t-elle dans une russe sans accent. Elle s’avança d’un pas, penchant la tête vers le texte dont elle parlait. Une fois arrivée dans la zone dédiée aux dieux, la louve n’avait plus fait très attention à ce qu’on racontait. Surtout sur elle : après tout, elle avait vécu l’histoire, ce n’était pas pour avoir besoin de la découvrir. « Ah, en effet... »
Quand elle se redressa de nouveau, une moue dubitative barrait ses lèvres. Elle ne se souvenait pas de sa taille à l’époque. En fait, elle avait des souvenirs plutôt clairs de ce moment mais elle ne prenait pas vraiment la peine de se mesurer. 5 mètres de long paraissaient tout de même un peu petit, malgré tout. « Ce n’est pas bien logique, vous dites vrai. Mais cinq mètres, hum… »
Elle leva les yeux vers le plafond, comme cherchant à se souvenir. Elle se souvenait du visage de Tyr, et de celui d’Odin assez proche. Ils avaient l’air si petits, peut-être était-elle plus grande encore, c’était difficile à dire. Abandonnant, elle haussa les épaules. « Peut-être cinq, oui. Même ça, ce n’est pas si grand que ça pour un loup géant dont la croissance inquiétait les dieux. » répliqua-t-elle avec un sourire presque carnassier.
Puis, pouffant de rire, elle sembla se détendre, et chercha à changer de conversation. Elle avait peut-être été un peu trop loin, même si rien ici ne lui interdisait d’annoncer qui elle était, après tout. « L’exposition vous plaît ? » demanda-t-elle du ton poli de ceux qui ont eu un rôle dans l’exposition en question.
Amelia Markovitch
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Amelia n'avait pas vraiment prêté attention à la jeune femme se trouvant dans cette partie de l'exposition, juste ce qu'il fallait pour savoir que c'était bien une femme et non un homme. Pour le reste, elle était toute à son observation et à ses lectures des panneaux et compagnie, honnêtement, elle ne saurait même pas dire si en bougeant elle pouvait ou non faire du bruit. Elle vivait l'exposition rien de plus jusqu'à prendre la parole ainsi, non parce que vraiment, tout ça, ça la laisse perplexe quand même. L'animal représenté semble si petit alors qu'il est censé être un loup géant et là, c'est limite s'il n'est pas plus petit que l'homme dont il tient la main.
- Hm hm
C'est bien ce qu'elle a dit et qu'elle a pu lire sur les panneaux explicatifs, forcément la jeune femme ne peut que y lire la même chose. Amelia ne le regarde pas vraiment sur le coup, se contentant de l'entendre bouger tout simplement. Ne reportant son regard bleu glace sur la jeune femme qu'en l'entendant reprendre la parole, regardant comment elle est habillée mais surtout ses mouvements. Bizarre, on dirait que la femme cherche dans ses souvenirs comme si elle y était, mais c'est impossible n'est-ce pas ?
- C'est vrai que ça ne fait pas si grand que ça.
Amelia aurait bien réfléchit plus avant à la question si seulement, la jeune femme ne venait pas d'avoir un sourire à faire froid dans le dos. D'ailleurs un frisson presque craintif parcoure le corps de l'humaine. Nul doute que la femme lui faisant face n'est pas humaine mais de là à savoir ce qu'elle peut être, le petite brune ne peut que supposer des choses. Il lui faut d'ailleurs quelques secondes pour percuter de la question de son interlocutrice avant de lui répondre.
- Oui, c'est très intéressant de voir l'évolution des loups de cette manière.
Elle s'arrête de parler quelques secondes comme si elle venait de piger quelque chose de vital, ce qui est le cas.
- Vous avez participé à son élaboration, je me trompe ?
Fenrir ne contrôlait pas toujours l’impression qu’elle faisait sur les gens. Parfois, même en faisant tous les efforts du monde, elle effrayait les humains. Surtout ceux capables de percevoir les choses de façon un peu plus profondes que la moyenne. Ceux qui pouvaient se prétendre mystiques ou sensitifs. Ce n’était souvent qu’un code pour expliquer que le monde surnaturel avait juste un peu plus d’emprise sur eux. Cela dit, quand elle ne faisait aucun effort – comme aujourd’hui – elle pouvait effrayer n’importe qui avec le moindre sourire. C’était le prédateur gigantesque en elle qui s’exprimait, même à travers le vaisseau un peu faiblard de son corps actuel.
Cette femme y était sensible, pas besoin d’être très attentive pour le voir. Mais Fenrir peut presque sentir le frisson qui la traverse avant qu’elle ne se décide à lui répondre. La mortelle ne bouge pas cependant, elle ne s’enfuit pas, ni ne tente de s’éloigner discrètement. Bravoure ou simple peur que ça empire les choses, la louve ne peut pas le dire. Elle a encore un peu de mal à s’habituer aux différents comportements des humains à Moscou, où les choses sont bien différentes du reste du monde.
Et elle est perspicace en plus. En réponse, le sourire de Fenrir s’agrandit encore un peu, mais son regard revint à l’exposition, tournant sur elle-même comme pour tenter de tout imprimer d’un coup dans son cerveau. « Tout à fait, plus ou moins. »
Elle revient à la jeune femme, son regard étincelant un bref instant. « Je suis une spécialiste du comportement des loups en milieu naturel. On m’a consulté plusieurs fois pour l’élaboration des panneaux, mais je n’ai rien eu à voir avec la disposition de l’exposition. »
Distraitement, elle se retourne vers la partie de l’exposition devant laquelle elles sont plantées, et particulièrement les représentations de Fenrir. La jeune femme les observe d’un regard critique, une légère moue apparaissant progressivement sur ses lèvres. « Notamment, on ne m’a pas parlé de ça. Ce qui est bien dommage. »
Cela dit, même si elle avait été prévenue, la louve n’aurait sans doute pas participé à l’élaboration de cette partie de l’exposition. Elle trouvait ça un brin inutile, hors sujet, et particulièrement dangereux… D’autres divinités et créatures pourraient se vexer de se voir ainsi présenter, même avec tout le respect dû à leur existence. Ils avaient donc de la chance que Fenrir soit magnanime.
Amelia Markovitch
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Amelia est une russe pure souche, de là, elle est habituée à côtoyer des créatures au tempérament fort et ça depuis toute petite. Elle est habituée au fait que pas mal de créatures voient les humains d'un mauvais oeil mais l'humaine part aussi du principe qu'elles ne sont pas toutes ainsi. Sauf les vampires, avec eux, ça ne passe pas du tout pour autant, elle ne les condamne pas directement, elle n'ira juste pas voir de plus près s'ils sont tous pareils ou non. La petite brune souhaite juste pouvoir leur faire comprendre à quel point ils peuvent être débiles en se croyant les rois du monde, à se penser supérieur ainsi. Oui, elle rêve que la Russie rejoigne le reste du monde et que tout le monde ait des droits égaux. Préférant oeuvrer dans ce sens plutôt que de fuir son pays natal.
Préférant aussi ne pas broncher quand elle comprend que la femme près d'elle n'est pas humaine. À quoi bon de toute manière ? Si l'envie lui prend de lui faire du mal, Amelia n'a aucun moyen de défense, aucun moyen de la stopper surtout avec ses cinquante kilos toute mouillée et encore. Et puis à part un sourire à faire peur, la femme n'a rien fait dans un sens ou un autre, elle se montre même aimable donc. L'humaine comprend que son vis à vis à participer à l'élaboration de l'exposition, chose qui lui est rapidement confirmé.
- Waow, ça doit être passionnant de les observer comme ça et il faut un certain talent pour ça, du moins je suppose.
Des animaux sauvages qui peuvent vous déchiqueter en moins de deux secondes. Ou alors il faut être suicidaire pour ça. Dommage ? Ah. Amelia repense à son impression d'il y a à peine deux minutes quand la jeune lui a donné l'impression de chercher dans sa mémoire.
- Excusez moi si je suis offensante mais j'ai eu l'impression quand on parlait de la taille de Fenrir, que vous étiez présente.
Pourtant nul part ils ne parlent d'une déesse et ça la perturbe quand bien même il lui semble que certains dieux sont capables de métamorphose. En tout cas sa curiosité a encore frappé...
Fenrir cacha un petit ricanement quand la jeune femme suggéra qu’elle devait avoir un certain talent pour observer les loups. Ce n’était pas tout à fait faux… Mais ce n’était clairement pas vrai non plus. Pour ainsi dire, c’était de la triche. Si son apparence actuelle était celle d’une humaine tout ce qu’il y avait de plus classique, le loup gigantesque qu’elle avait été – et était toujours, d’une certaine façon – restait perceptible. Parfois, même pour les humains. Mais les autres loups étaient bien évidemment bien plus sensibles à cela. Ce qui voulait aussi dire qu’il fallait parfois se montrer très discret. En effet, si elle ne faisait pas attention, sa simple présence pouvait perturber les sujets qu’elle observait. Ce qui gâchait un peu l’intérêt de l’observation.
Mais malgré ses efforts pour rester discrète, la divinité ne put réprimer un rire quand Amelia continua de parler. Elle se montrait étonnamment prudente, s’excusant déjà d’être potentiellement offensante. Fenrir supposait que c’était courant chez les humains de Russie de se montrer docile et respectueux quand ils soupçonnaient avoir à faire à une créature. La louve se tourna doucement vers elle, ses épaules toujours doucement soulevées par son rire qui s’éteignait.
« Vous êtes une humaine perspicace » commença-t-elle sur un ton amusé. Elle cherchait d’abord à la rassurer : la jeune femme n’avait rien à craindre avec elle. Punir les humains n’était pas tellement son genre. Pendant de longs siècles, elle avait pris l’habitude de se cacher des regards humains, ou en tout cas de faire de son mieux pour ne pas leur révéler ce qu’elle était. C’était pour elle quelque chose d’assez nouveau de pouvoir se proclamer ouvertement comme étant une divinité. Elle se demandait d’ailleurs toujours si on la croyait, mais à voir la question posée et le regard de la jeune femme, elle n’oserait pas douter de ce qu’on lui racontait.
Rajustant distraitement sa tenue, elle plongea son regard gris dans les yeux de l’inconnue, souriant de nouveau. « Et comment que j’y étais. Je suis Fenrir. » Elle ne prit pas la peine d’expliquer la raison de son apparence, ou même de la commenter. En fait, la louve supposait que si l’humaine était assez courageuse – et elle l’avait déjà été suffisamment pour lui poser la question en premier lieu – alors elle ne tarderait pas à lui demander ce qu’il en était. En attendant…
Tendant poliment la main comme si ce qu’elle venait de dire n’était qu’une présentation tout à fait banale, Fenrir enchaîna. « A qui ais-je l’honneur ? »