Not really sure how to feel about it, something in the way you move. Makes me feel like I can't live without you, it takes me all the way. I want you to stay.
CHAPITRE I.
Sa vie aurait pu être on ne peut plus banale, mais lorsque l'on est le petit fils de Thor, on n'a pas véritablement ce luxe.
Odin est né dans une famille danoise il y a 35 années. Une famille qui priait les dieux du Nord, comme leur ancêtres et qui ont été récompensés par la visite de Thor, le dieu du tonnerre et de la fertilité. Rencontrant une humaine et lui faisant un enfant ; Thor Thorson. La grand mère d'Odin n'était pas la femme la plus inspirée qui soit mais elle avait appelé le fruit de cette union comme son père, père qui n'aura par ailleurs jamais vraiment été présent pour elle mais qui, à ses yeux, avait déjà fais à leur famille le plus beau cadeau qui soit avec cette naissance. C'est que l'on était très pieux et qu'on l'est toujours chez les Thorsen. On prie les dieux et ils nous en remercient. Il a baigné là-dedans toute sa vie. Il a grandi avec ces valeurs, s'est forgé un caractère à l'image de ses ancêtres vikings et de son grand père. Il n'a jamais manqué de rien par ailleurs, grandissant dans l'opulence, une famille des plus aisées vivant à la Capitale-même. Il n'a jamais eu à se plaindre à vrai dire. Une vie banale et riche en quelque sortes, il avait vécu comme n'importe qui mais il devrait avouer qu'être le petit fils de Thor et être reconnu de la sorte de façon public... Cela ouvrait bien des portes. Pour lui, rien n'aurait pu entacher sa vie. Il a grandi proche de ses parents, développant une force de caractère innée : ce que tu veux, tu prends. Eduqué attentivement par son père pour être à sa suite et être digne de leur ancêtres, éduqué au millimètre près, devenant un petit garçon à un homme très exigeant, si ce n'est intransigeant.
En grandissant, malgré la facilité de ses parents avec l'argent, ils décidèrent à ses 12 ans de cesser de l'approvisionner. Dans le sens où s'il voulait quelque chose, c'était à lui de faire les efforts nécessaire pour les avoir. Valeur apprise avec sa religion, en quelque sortes. On a les choses par la force dans ce monde, pas parce qu'on est bien né. Il s'était trop reposé sur ses acquis mais à ses 12 ans, les choses changeaient drastiquement. L'amour était présent mais l'envie que leur fils sache se servir de ses dix doigts était encore plus présents. Il ne leur a jamais dis mais ces leçons de vie lui auront été très utiles et l'ont forgé, ils les en remercient sincèrement pour ça.
Ayant toujours eu ce caractère fort et indépendant, il n'a pas eu l'impression que ce soit si difficile que ça que devenir quasi-indépendant. Des petits jobs par-ci par-là, ça occupait son temps, tondre une pelouse, vider une gouttière, combien de fils de riche auraient refusés ? Il n'a jamais refusé. Les dieux n'auraient pas aimés ça. Les dieux n'aimaient pas la faiblesse. Mais parce qu'il avait ce fort caractère et ne se laissait jamais faire, certaines personnes au collège devenaient ses victimes. Parce qu'il ne supportait pas un regard, parce qu'il ne supportait pas un mot de travers. Un coup de poing partait, parfois encore un autre. Des menaces de le faire parfois. C'était aussi au collège que les tensions avec ses frères commençaient à apparaître, plus jeunes que lui de quelque années à peine et pourtant déjà si distant, les jumeaux avaient commencés à développer un caractère plutôt espiègle sinon fourbe qui avait tendance à vite l'énerver, là où Frigga se risquait à les suivre. Sa petite soeur avait toujours été sa princesse, hors de question qu'ils suivent. Pourtant, même période du collège où Frigga se découvrait un amour pour le feu et qu'Odin n'eût d'autre choix qu'aller la sauver quand la gamine avait cru bon de brûler un tas de cartons, cela lui aura valu une belle brûlure sur le bras en cherchant à l'en dégager et quelque jours d'arrêter de l'école. Mais ça n'aura fait qu'accentuer son caractère bagarreur, ce besoin de se défouler hors de chez lui, c'était malheureusement les autres qui prenaient à l'école.
Alors quand le petit nouveau, le soviet, s'est ramené, il était mitigé, le gamin était maigrichon mais il avait un sacré répondant. Là où d'autres se seraient pris un poing dans la tronche, il prenait le gamin sous son aile protectrice. Le soviet ne parlait pas un mot de danois mais il trouvait ça amusant. Il lui avait confié que les moqueries des autres lui étaient égales, qu'il s'en irait bientôt, qu'il retournerait peut-être en Italie. Sauf que le soviet n'est jamais retourné chez lui et que ses parents ont décidés de rester dans la capitale, pour une raison qui lui était inconnue alors, les tensions en Russie pour les humains qui existaient déjà, là. C'était si loin de lui.
Il suivait sa scolarité, un peu chaotique pendant un temps il est vrai puisqu'il avait pris goût au travail et à sortir avec ses amis. Pris goût à courir après les filles, pris goût à cette liberté qu'on lui offrait ; celle de faire ses propres erreurs. Ses parents refusaient de payer ses sorties, c'était à ça que servait son travail, payer ce dont il avait besoin comme de nouveaux objets, des places de cinéma, des sorties quelconque.
C'est au lycée, suivi d'Alekseï, qu'il se rendait compte qu'une chose clochait. Plus ou moins. Quand il était devenu le tombeur de ces dames quand les poils lui étaient poussés, qu'il avait déjà une petite barbe quand les autres peinaient à en avoir. La barbe, c'était important pour lui, un rite dans la vie d'un homme. Semblerait que les autres partageaient ce point de vue même si pas pour les même raisons. Il se rendait compte que quelque chose clochait quand en raccompagnant une demoiselle chez elle - ils n'avaient que 16 ans, il ne pouvait pas aspirer à grand chose de plus de certaines, il le savait - il croisait Alekseï. Alekseï rentrait à vélo chez lui et faisait une tête effroyable en les voyant. En soi, il ne comprenait pas cette tête ; avait-il vu un fantôme ? Il se rendait juste compte que ça n'aurait peut-être pas du être la demoiselle qu'il aurait du raccompagner, avoir sous le bras. Les idées ont germés à partir de là, sans jamais se concrétiser toute fois.
Les années passaient, il continuait ses petits jobs, se faisait parfois renvoyer pour son comportement jugé trop virulent mais ouvrir d'autres portes aussi vite, juste quand on apprenait son identité. Il allait à la fac suivre des études scientifique, c'était la seule chose qui lui était venu à l'esprit, se tourner vers l'une de ses passion pour les armes et le progrès. Disons plutôt qu'il avait des capacités mais se contentait toujours du minimum, il n'avait pas de grandes aspirations, pas de grands buts, il n'aspirait pas à devenir un requin de la finance ou un avocat de renom comme ses parents, il en était plutôt déconnecté, d'ailleurs. Mais finalement, la science s'était imposée à lui, comme une révélation. Il aurait pu être un grand sportif, il avait fait ses preuves au rugby, déjà, puis dans la boxe.
C'est Alekseï qui lui avait conseillé de se mettre à la boxe à son entrée au lycée, ce serait un moyen de canaliser son énergie pour quelque chose de plus productif que cherchait la baston au premier regard de travers. La boxe anglaise puis la boxe thaïlandaise. Cela lui allait bien, c'était plaisant, distrayant, c'était physique. Si bien qu'au fil des années et des grades, il se coupait pendant quelque temps du monde nocturne qu'il avait commencé à côtoyer dès ses 16 ans.
C'est par ailleurs durant ces années qu'il commencera à réellement se séparer de ses frères. C'est dès ses dix-huit ans le jour même, qu'Odin quittera le domicile familiale pour avoir son propre appartement. Oui, à cause de ses frères. Cela faisait des étincelles à la maison et là où Odin était le feu, toujours prompte à la franchise et à réagir, ses frères étaient plus mesquins et faisaient leur coup plus sournoisement, dans son dos. Des mots qu'il entendait sans supporter et qu'il déclarait haut et fort ne pas supporter, une mère trop soumise pour dire quoi que ce soit et un père qui jugeait que les rivalités fraternelles était une chose normale, il n'y avait guère que sa soeur pour encore oser lever le ton quand les trois frères allaient trop loin. Thor Thorson aurait pu riposter lorsque les trois frères allaient jusqu'à se battre, deux contre un, mais Thor Thorson considérait que c'était à l'aîné de faire ses preuves, que c'était son rôle, devoir maîtriser ses cadets. Ce qu'il a su faire, par ailleurs, mais ce qui n'aura pas été pour améliorer leur relations entre frères, bien au contraire. Cette bagarre à la majorité d'Odin, le poussant à avoir son propre domicile, avait été celle de trop.
Être petit-fils d'un dieu si célèbre que Thor avait ses avantages, celui de présenter son nom et son identité et ne pas avoir à attendre longtemps pour obtenir un appartement, même quand on gagnait un salaire misérable de barman. Quand on connaissait Odin, on se serait attendu à une pendaison de crémaillère, une véritable grosse fête, celle du siècle. Mais il avait juste invité les Lazarev chez lui ainsi que quelque autres amis, une soirée calme, une musique de fond et de la bière. Comme toujours, c'était Alekseï qui avait su trouver les mots juste pour le réconforter, car même s'il faisait comme si de rien était, Alex savait toujours quand quelque chose n'allait pas et il savait toujours comment s'y prendre avec Odin. Pour Odin, c'était un peu bête mais il avait besoin de certaines marques d'affection, surtout de la part d'Alex, plus que d'autre. Ca lui faisait du bien. Être enlacé, être tenu fermement. Il ne s'était par ailleurs jamais vraiment rendu compte avant ce soir des gestes que lui-même avaient toujours pu avoir avec Alex, ce besoin d'avoir ce contact entre eux, ce besoin de l'avoir dans ses bras quand ça n'allait pas. Ce soir là, il avait failli lui demander de venir habiter avec lui, il avait tout en tête pour le convaincre qu'être colocataire, ce serait une super idée. Mais il avait perdu le fil au cours de la soirée et avait abandonné l'idée, se disant aussi que, peut-être, si lui avait des soucis avec sa famille, ce n'était peut-être pas le cas d'Alex.
A ses dix-neuf ans, il sautait le pas pour un tatouage. Ses parents n'avaient rien à y redire, son propre père en avait plusieurs, même si cachés, disposés dans le dos et sur le torse quand il passait ses journées en costard pour son travail. Il imitait son père en se faisant tatouer le dos puis finalement, il sautait le pas des avant-bas. Et à ses dix-neuf ans, il comprenait que son ami ne serait pas toujours là, avec lui. Alekseï commençait à s'ouvrir au monde, doucement. S'il en fût jaloux ? Extrêmement. Il ne supportait pas ça. Du tout. Pas qu'il souhaitait l'enfermer, l'empêcher de rencontrer de nouvelles personnes, le restreindre, l'empêcher d'être heureux. Mais il dédaignait chaque nouvelle personne, imposant ses avis. Alekseï avait l'avantage d'être patient contrairement à Odin, mais sa patience avait ses limites et il ne tardait pas à le rembarrer. Première dispute puis Odin prenait sur lui. C'était à cette même période qu'il prenait conscience qu'il aimait Alekseï, qu'il en était amoureux depuis un petit moment, même. Mais il s'était résigné. D'une part, il ne pensait pas lui plaire ou l'intéresser, surtout de ce point de vue, après tout, vu toutes les occasions, rien n'avait été fait, même si Alex était timide. D'une autre part, il ne se sentait pas prêt, à dix-neuf ans, pour une relation sérieuse. Même si cela voulait aussi dire qu'avec sa jalousie, il empêchait Alekseï de s'épanouir comme il le devrait, mais c'était plus fort que lui : pas touche. Alekseï lui faisait pourtant bien comprendre qu'Odin n'avait pas son mot à dire, Odin aura donc pris sur lui mais il bouillonnait à chaque fois.
Ainsi, au lieu de se poser avec Alex comme il l'aurait souhaité tout en ne se sentant pas prêt, il enchaînait les conquêtes. Il essayait malgré tout, parfois, de se poser, juste essayer. Mais il gâchait toujours tout de lui-même ; réflexion mesquine, arrogance, tromperie, la plupart de ces personnes ne méritaient pourtant pas un tel comportement de la part d'Odin et ce n'était même pas le fait d'être le petit fils d'un dieu qui le poussait à agir comme ça, c'était juste lui. Ils n'étaient jamais assez bien, ils n'étaient surtout pas Alex.
Ils continuèrent chacun leur études, allant jusqu'au doctorat, il se spécialisait dans l'espoir de devenir chercheur en biologie ou chimie, il aura mis du temps à se décider mais Alekseï l'avait suivi jusque dans leur études et l'avait épaulé là où nombreux ne l'auraient pas fais ; c'est qu'Odin était trop intransigeant et ne supportait pas ne pas comprendre et ne supportait pas les échecs, pourtant, il aura toujours pu compter sur le soutien d'Alex, comme il aura fait de son mieux pour le soutenir aussi.
Proche du doctorat et toujours célibataire, quand ses frères et sa soeur étaient déjà mariés et avaient déjà des enfants, le regard de son père sur lui, agacé ; tu ne m'as toujours pas donné de descendance. C'était un poids qui était sur ses épaules depuis pratiquement toujours et pourtant, s'il ne savait jamais de quoi demain serait fait, il était sûr que jamais il ne serait père. Pas spécialement traumatisé par le sien, juste que ce n'était pas pour lui qu'avoir des enfants et s'encombrer de bambin alors qu'il était toujours en pleines études à son âge et que de toute façon, s'il devait se poser, cela aurait été avec un homme et pour Odin, l'adoption était exclue. Proche du doctorat et ce n'était toujours pas assez pour son père et ses frères suivaient leur père, les éloignant d'autant plus les uns des autres quand Odin aura fini par en avoir marre de leur comportement néfaste à son égard. N'avait-il pas été un grand frère présent et attentif, pourtant ? Si, trop, même. Tant pis pour eux. Il n'y aura donc qu'avec sa petite soeur qu'il gardera un véritable contact ainsi qu'avec sa mère. Non pas qu'il ait révélé à son père qu'il n'aurait jamais d'enfant directement mais qu'il lui disait vouloir pousser ça le plus tard possible et que son père avait fini par comprendre. Comprendre qu'il ne faudrait pas compter sur le fils prodigue pour ramener des petits enfants, pas qu'Odin aimait son meilleur ami depuis le lycée, ça, cela aurait été tout bonnement impensable.
C'est lorsqu'il obtiendra son doctorat, qu'il invitera Alekseï chez lui afin de fêter ça. Après plus de onze années d'études barbantes, de thèse, il fallait profiter et fêter ça. Odin avait toujours été particulièrement proche d'Alekseï et son amour n'avait, malheureusement pour lui, jamais faiblis. Alex passait toujours en premier et pour fêter cet événement qui de mieux que lui ? Là où il aurait pu faire une fête avec nombreuses personnes, il s'était restreint à n'inviter qu'Alex. Alcool, musique, soirée posée. Odin avait encore nombreuses aventures, parfois plus ou moins sérieuses, parfois il se posait ou du moins, essayé. Souvent, il n'était pas clair dans ses intentions. Alors oui à cette époque, il est vrai qu'il voyait quelqu'un depuis quelque semaines mais, qu'importait après quelque verres d'alcool quand on avait avec soi la personne que l'on aime depuis qu'on est adolescent ? Il n'était pourtant pas ivre, quand il s'est emparé des lèvres d'Alex. Il ne saurait dire si Alex, lui, l'était à ce moment là, il savait juste que lui ne l'était pas mais que l'alcool lui avait donné ce courage qu'il n'avait jamais eu ces dernières années, celui de dire ; merde, je t'aime, soi mien. Alex avait été réceptif et ils s'étaient embrassés, longuement. Des baisers tant attendus, pour Odin. Se trouver enfin pour une nuit toute entière, à peine dormir, une heure tout au plus, car il n'avait voulu rien manquer de cette nuit fantastique et si attendue, mais le sommeil l'avait pris malgré lui, alors qu'il avait serré l'homme qu'il aimait contre lui, dans ses bras, le dos de cet homme qu'il aimait contre son torse, lui avec son visage dans son cou, profitant, sentant son odeur et embrassant sa peau jusqu'à s'endormir. Oui, une heure tout au plus, jusqu'à finalement se réveiller au retour de la personne avec qui il était à cette époque. Pour lui, cette personne n'avait aucune importance, un flirt tout au plus, ils s'amusaient bien mais, voilà ; il avait enfin Alekseï dans ses bras. Les choses auraient du être si facile que ça mais au réveil, Alekseï a simplement pris ses affaires et s'est barré, abandonnant là Odin sans qu'il ne puisse s'expliquer, s'excuser, pouvant juste virer sa conquête de quelque semaines de chez lui. Et jamais il n'aura pu reparler de cette soirée avec Alekseï, comme s'il s'était renfermé. Il savait qu'il avait merdé mais de là à ne pas pouvoir en parler ? Soit, il avait fini par comprendre, par accepter de ne plus en reparler, si dur ce soit. Alekseï aura mis beaucoup de temps à lui pardonner et lui reparler. Et ça... ça l'avait vraiment emmerdé.
Alekseï avait une soeur, soeur qui était vite devenue la meilleure amie d'Odin. Caractérielle, il leur arrivait mille et une fois de se prendre la tête mais c'était qu'ainsi qu'était leur amitié : une franchise à toute épreuve. Les autres pouvaient ne pas comprendre cette amitié au vu des piques qu'ils pouvaient parfois se lancer, tandis qu'eux estimaient que c'était toujours bien d'avoir quelqu'un pour nous remettre les pieds sur terre quand on part en vrille. La soeur d'Alex lui aura donc été d'une grande utilité quand Alex lui avait tourné le dos.
Odin était devenu chercheur, aidant à faire avancer la science à pas de géant, une contribution à laquelle il tenait, se demandant toute fois qui il aiderait en aidant à créer ces armes ; les hommes ou les créatures ? Il n'avait jamais rien eu contre elle mais ils n'étaient pas si doués pour se protéger qu'un sorcier ou un lycan, il fallait s'adapter, sait-on jamais, mais côté éthique, il était en droit de se poser nombreuses questions. Parfois, son ancien travail lui manquait. Barmaid, ça lui allait complètement, il rencontrait souvent des gens au lieu de s'enfermer dans un laboratoire, mais à plus de trente ans, il fallait grandir, il fallait évoluer et ne pas toujours penser qu'aux fêtes, pas vrai ?
Puis Alekseï allait fêter ses 34 ans et il avait eu la veille de son anniversaire, une longue discussion avec la soeur de celui-ci.
Arrête de te voiler la face Odin
lui avait-elle dit.
T'es le premier à dire que la vie est trop courte pour s'empêcher de faire ce qu'on souhaite, alors qu'est-ce que tu fous ? Tu attends qu'il se case définitivement ?
. La conversation avait pris une drôle de tournure mais le ton n'était curieusement pas monté, chose inhabituelle quand leur caractère s'affrontaient. Le fait était que malgré toute sa fierté, son orgueil, il devait avouer qu'elle avait raison. Il se voilait la face depuis trop longtemps, il laissait le temps lui filer entre les doigts, sensation désagréable. Alors il avait décidé d'organiser une fête pour l'anniversaire d'Alekseï. Il lui avouerait tout. Il avait été jusqu'à écrire un poème, pour lui. Il avait surtout craint toutes ces années de se prendre un vent monumental et que cela détruirait à jamais leur relation. Mais il fallait se rendre à l'évidence, leur comportements l'un envers l'autre n'avait rien de normal, de simples amis n'étaient pas si protecteurs l'un envers l'autre, pas aussi jaloux et possessifs. De simples amis ne couchaient pas l'un avec l'autre et ne partageaient pas ce qu'ils avaient partagés cette nuit-là. Et aucun des deux n'avait jamais réussi à se poser, la Lazarev avait pointé ça aussi. Elle avait raison. Si elle ne lui avouait toute fois pas ce qu'elle savait d'Alekseï - jugeant que c'était à lui de le dire et pas à elle - elle savait, se contentait de regarder et de les pousser l'un vers l'autre, que l'attente prenne fin.
Il avait invité leur amis communs pour un verre, il l'aurait emmené au restaurant ensuite. Mais Alekseï n'était jamais arrivé à destination. Ils avaient crus à une plaisanterie au départ. Puis qu'il était tombé en rade sur la route. Mais les jours passaient et ils n'eurent aucune nouvelle. Plus une trace de lui nul part. Son appartement était désert, une valise qu'il avait du préparer à la va-vite. Il ne comprenait pas ce qu'il s'était passé et il en eût le coeur brisé. Il était parti. Il prenait son téléphone, dans sa tristesse et il laissait un message vocal, puisqu'impossible de réussir à l'avoir au bout du fil. Un message.
Je ne sais pas où tu es. Ni ce que tu fais. Ni ce qui a pu te passer par la tête pour t'enfuir comme ça et nous abandonner. Je sais juste que je te retrouverai et que je te ramènerai par la peau du cul à la maison.
Il n'avait jamais eu de réponse, aucun retour. Comme s'il était mort. Il commençait à envoyer des sms, chaque jour. Où t'es, est-ce que tu vas bien, dis moi où tu es et je viens te chercher, appel moi, ces choses-là. Mais jamais de réponse. Puis au bout d'un moment, sa ligne était coupée, signe qu'il n'avait pas du penser à payer ses factures.
Avec l'aide de la soeur d'Alekseï, il partait à sa recherche. Impensable de rester les bras croisés, impensable d'attendre que ça se passe. Pour eux, il n'était pas mort, c'était impossible, inconcevable. Il avait été jusqu'à chercher parmi ses amis sorciers, les suppliant presque de leur rendre à tout deux ce service : trouver Alekseï.
Mais ce n'est qu'au bout de presque un an qu'il sent qu'il a une piste stable ; la Russie. Moscou, plus précisément. Pourquoi ces lieux, il n'en savait rien. Ses amis sorciers n'avaient jamais réussis à trouver de pistes stables, Aleks leur avait semblé en perpétuel mouvement jusqu'à maintenant, jusqu'à cette preuve, jusqu'à ce lieu, Moscou. Peut-être qu'Alekseï était parti à la conquête de ses origines, il n'en savait rien. Juste qu'il n'était pas mort, c'était suffisant. Deux billets, un pour lui, un pour la soeur d'Alekseï et les voilà à voler jusqu'à Moscou et s'y établir. Il y avait tellement de monde que ça prendrait peut-être beaucoup de temps mais tant pis, ça valait plus que le coup. Il le retrouverait. Il se l'était promis, que les dieux lui en soient témoins.
Il avait commencé par se renseigner sur la Russie, il avait commencé par réfléchir sur le lieu où il allait se lancer. Tout préparer. Il avait brièvement écouté les conseils de l'un de ses ami ; c'est risqué d'aller là-bas. Certes. Mais rien à foutre. Si Alex était là-bas, il comptait bien l'y ramener par la peau des fesses. Son ami avait soupiré, levé les yeux au ciel et avait choisi de le suivre puis la soeur d'Alex s'était ajoutée à la partie, soit. Ils iraient à trois à Moscou, son ami prétendant qu'il serait très utile pour retrouver directement Alekseï. Pas faux. Quand Odin avait une idée en tête, il était pratiquement impossible de la lui retirer, donc n'importe qui le connaissant un peu savait qu'essayer de le garder à Copenhague serait juste de la perte de temps, se battre contre le vent. Solomon leur avait préparé des sachets, il ne savait pas trop ce qu'il y avait dedans mais il avait prétendu que cela suffirait pour repousser les vampires, puisqu'il y en avait des tas. Les bêtes à l'odorat fin n'oseraient pas s'approcher, même si pour les humains, ce n'était jamais qu'un sachet, pour eux, ce serait surtout une protection. Odin avait juste levé les yeux au ciel et accepté. Et ils étaient partis.
Cela faisait désormais une semaine qu'ils étaient en Russie et plus précisément, à Moscou. Honnêtement, il n'a jamais eu l'impression d'autant se prendre la tête avec des passants que depuis qu'il est à Moscou. Se renseigner c'est bien, mais le rythme de vie ici le dépasse assez et ce n'était pas tant pour lui qu'il craignait, mais surtout pour la soeur d'Alex qui était pleinement humaine. Lui était un semi-hybride et le sang de Thor coulait encore assez dans ses veines pour le protéger, ce qui n'était pas toujours assez d'ailleurs, alors une humaine pure et simple, Odin n'avait pas d'autre choix que lui coller aux basques. Et quand on connaissait la fierté d'Odin, on s'attendait à ce qu'il se prenne la tête avec le premier qui le regardait mal... Ce qu'il se passait très exactement. Il fallait dire qu'Odin était stressé, angoissé, comment Alex pouvait-il survivre dans ces lieux, pourquoi avoir choisi de vivre ici, d'ailleurs ? Tel qu'il connaissait Alex, il ne le voyait pourtant pas tenir bien longtemps avec une telle oppression, étouffante. Même Odin qui était costaud et avait un fort caractère, venait à sentir cette oppression. Qu'est-ce que c'était, ce pays de fous ? C'était avoir la curieuse impression que toutes ces années de sports et de self-defense ne sauraient être suffisamment pour se défendre, comme si le sachet de Solomon ne serait pas suffisant et qu'il devrait vite fais bien fais trouver de quoi se faire une arme pour se défendre. Il en avait les capacités, les connaissances et là, honnêtement, tout ce qu'il voulait, c'était trouver les ingrédients et tout faire péter.