Ce client face à moi m’expliquait son cas. Assez classique, pour être honnête… Même Arkadi, qui s’occupait de classer des dossiers juste derrière ce client, faisait cette tête signifiant « oh, la même histoire que d’habitude… ». On pourrait se demander quelle histoire ? Hé bien, tout simplement…

« Je suspecte mon épouse de me tromper, durant mes absences pour le travail. Je veux que vous la suiviez, afin de m’en faire un rapport complet. »

Cette histoire-là, tout à fait. Et puisqu’il s’agissait d’un homme riche, que ce genre d’affaire payait, et que nous étions de toute façon dans une période où le travail se faisait rare, j’acceptai l’affaire. De toute façon, entre nous, les détectives privés ne s’attendaient pas à avoir des missions particulièrement de haute voltige, et cela m’arrangeait. Un travail était un travail. Arkadi avait donc commencé le premier tour de surveillance, pendant que je m’occupais d’une autre affaire, et je le remplaçai en début de soirée. Rien n’était arrivé, je n’étais pas loin de me dire que nous allions passer deux jours à la suivre, pour finalement ne rien découvrir. Et continuer un long… Long moment. Remarquez, ce ne sera pas plus mal pour la paye, cependant, c’était particulièrement ennuyeux.

Simplement, elle avait fini par se déplacer, la femme mariée infidèle. A une heure où les théâtres étaient déjà fermés et en cours de représentation, où il devenait inconvenant pour une épouse de se promener seule. Elle avait posé le pied sur son perron, attendu sa voiture, s’était faufilée dedans et n’en était ressortie qu’une fois arrivée à un hôtel connu pour sa discrétion.

Tellement connu pour sa discrétion que j’avais pu prendre en flagrant délit plusieurs épouses dans les chambres de cet hôtel. Quasiment toutes avaient le même amant. Un Dieu que je connaissais plutôt bien à vrai dire… Yarilo. Un être très sympathique mais qui avait la fâcheuse tendance à ruiner d’autres mariages au moins autant que le sien était ruiné. J’allais devoir donner son nom à mon client, qui avait bien spécifié qu’il tenait tout particulièrement à savoir qui était celui qui le cocufiait… Encore des ennuis pour le dieu du printemps, n’est-ce pas ?

Enfin, il fallait malgré tout m’en assurer. Ainsi, je me retrouvais à escalader le mur extérieur de l’hôtel, qui était heureusement dans une ruelle assez sombre pour m’assurer d’être discret. Heureusement que les elfes noirs étaient dotés d’une certaine agilité, ainsi, je pouvais me montrer particulièrement rapide et discret – merci les immeubles de cette époque qui avaient tous ces stratifications en décoration, c’était une prise parfaite.

Et quand la femme eut terminé son affaire, qu’elle s’en alla, je me décidai à tout simplement toquer à la fenêtre, afin de signaler à Yarilo que j’étais présent. Et quand il me regarda enfin, je lui déclarai :

« Je devrais te remercier de m’offrir autant de clientèle, Yarilo. Cependant, je vais devoir donner ton nom à mon client, et tu sais que ma race ne ment pas… »

C’était surtout une prévention, après tout, je n’avais plus grand-chose à faire à présent, sinon rentrer au cabinet pour écrit le rapport et préparer la facture… Il allait falloir que je pense à encaisser la deuxième partie du paiement avant l’annonce finale. Les maris trompés avaient tendance à être assez… Sanguins.